Amicale du Petit Train du Parc Thermal de St Gervais - Le Fayet

2011.09.24 Sortie expo aux TNT et TMR à Martigny

Texte : Daniel Zorloni

Crédit photos : Annette Coulet, Hervé Diot, Daniel Zorloni.


 

Comme chaque année, l’amicale du Petit Train du Parc Thermal s’évade sous d’autres horizons ferroviaires. Une sortie également ouverte aux personnes extérieurs mais en l’occurrence c’est principalement l’équipe du Chalet Club House du parc thermal qui s’est jointe à nous. Près d’une trentaine de personnes au total. Nous avons avec nous notre jeune membre mascotte, Thomas, qui est certainement le plus sage et le plus concentré sur tout ce qu'il va découvrir durant cette journée.

 

A 8 h du matin, la plupart des participants se retrouvent sur le quai de la gare de Chamonix pour embarquer à bord du Mont-Blanc Express. Pas de trajet ferroviaire complet cependant pour cause de massification de travaux entre Chamonix et Châtelard Frontière.

C’est donc en autocar que ce début de voyage s’est poursuivit au-delà de Chamonix, un car postal assurant le lien entre  Vallorcine et la frontière.

Dans le train, puis dans le bus ...

                    Dans la superbe gare valaisane du Châtelard, c’est la rame grande capacité (mais réduite à deux éléments) automotrice 501 et remorque 601 de 1979 qui nous attend.                                                                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La rame Grande Capacité avec l'automotrice Z 501 et sa remorque 601 au Châtelard .. en voiture !

 

Au passage, nous pouvons observer et photographier la vieille automotrice N°31 ex MC … pour la dernière fois certainement. Garée longtemps dans le tunnel au Châtelard Village, elle avait subit des déprédations et servait de stock de pièces détachées pour la N° 32 entre autres. Elle a été remontée au Châtelard Frontière pour y être découpée pendant la période de travaux devant débuter fin septembre aux TMR sur toute la ligne.

La N° 31 à sa toute dernière gare avant d'être démolie faute d'un état trop mauvais ...

 

A peine le train élancé, l’ambiance à bord est très enjouée, autant dans la salle voyageurs qu’en cabine, envahie par les plus curieux. Pour certains, la découverte des très profondes gorges du Trient aura marquée les esprits. Mais aussi cette belle ligne, bien différente de la partie française fait à elle seule la beauté du trajet.

Dans le train des TMR, entre bonne rigolade et découverte des paysages qui piquent les yeux ...

 

 

C’est à Vernayaz que se termine notre parcours non sans avoir dévalé à 16 km/h les 220 %o de la portion à crémaillère entre Salvan et Vernayaz.

Sur le quai, c’est le directeur adjoint des TMR Bernard Delasoie lui-même qui nous reçoit.

 

 

Après une présentation globale, il nous invite à une visite guidée du site industriel des TMR qui ne se résume pas qu’à un simple dépôt ferroviaire mais bien à un centre de maintenance principalement spécialisé dans le traitement des organes de roulement.

Un savoir-faire qui profite non seulement aux TMR mais aussi au matériel des CFF ou à celui du Mont-Blanc Express pour la SNCF. Mais pas seulement car cette spécialisation en voie métrique apporte une manne clientèle de toute la Suisse et ses nombreux chemins de fer à voie métrique. De fait, vu le faible nombre de lignes métriques sur son territoire, la France et surtout la SNCF a confié aux TMR le travail sur les essieux du matériel du « Canari » dans les Pyrénées, du "Blanc-Argent" en Centre France. Du travail aussi pour le compte des Chemins de Fer de Provence ou de Corse. Et comme pour être complet, l’atelier TMR travail également pour la voie normale ce qui est logique puisqu’elle exploite

 

également le St Bernard Express à voie standard ce qui lui apporte aussi ce savoir-faire. SNCF, CFF, BLS et bien d'autres grandes sociétés ferroviaires sont dans ses fiches clients.

 

La visite débute par l’ateliers de machines-outils employées pour usiner ou rectifier des pièces d’acier, bronze, aluminium ou autre matière ferreuse ou non ferreuse. Il s’agit de la pièce maîtresse du centre d’apprentissage qu’abrite l’atelier TMR.

Bernard Delasoie nous explique fièrement comment son établissement, entre autres opérations, recyclait les vieux essieux de TGV pour en faire des arbres d’essieux à voie métrique. Plus loin, il nous présente le début du processus de reprofilage des roues, le fil conducteur de la visite.

Introduction sur l'activité des ateliers TMR. Ici on réutilise des essieux qui ont roulé à plus de 300 km/h et on fabrique presque tout de A à Z.

 

Plus loin, le groupe se retrouve dans un vaste hangar de remisage et d’entretien courant ou accidentel car l’atelier travail aussi sur toute autre partie des engins quand il le faut. Une vieille remorque voyageurs en bois garée là pour le compte du Train Nostalgique du Trient qui manque de place. Mais l'entretien du matériel historique que prodigue les TMR reste onéreux. Beaucoup de matériel est déjà préservé et il faut en sacrifier une partie. La N° 74 n'aura pas droit à une autre vie tout comme  la motrice N° 31 vue au Châtelard le matin.

La remorque N° 74 mise à l'abri mais privée d'activité.

 

Dans un coin de l’atelier se cache le chasse-neige Beilhack, identique à celui de l’Etablissement Mont-Blanc SNCF. Il a connu lui-aussi des déboires fréquents de sa motorisation. Notre guide nous explique la solution trouvée pour palier a ce manque de fiabilité. Il a été démotorisé mais possèdent un groupe de transmission hydrostatique. Ce groupe assure l’entraînement des fraises à neige pendant qu’un engin électrique assure la mise en mouvement de l’ensemble. Hors hiver, la caisse est désolidarisée de son châssis qui est alors utilisé comme wagon grues.

 Un chasse-neige qui partage son châssis hors hiver avec une autre activité de la voie.

 

Le hangar renferme d'autres matériels comme trois BDeh 4/4 dont celle accidentée dans une collision avec un camion. Elle ne reprendra pas du service. L'une d'elle en revanche sera bientôt transformée pour devenir une Xemh, un engin hybride mis au point par les TMR pour ses propres besoins déjà fabriqué à deux exemplaires sur la base de BDeh 4/4. Une balastière toute neuve trônait également à coté d'un très vieux locotracteur électrique qui rend encore de bons services.

Moderne, commandable à distance et équipée crémaillère, cette trémie est prête au service pour les trois mois de gros travaux fin 2011.

 

Sous une bâche, un bogie porteur neuf de Z 870 est découvert. Bernard nous explique le principe de conception de cet important organe et de tous ses composants comme la suspension pneumatique.

Le bogie porteur d'une Beh 4/8 (Z 870 Stadler GTX Spatz)

 

Un autre bogie, moteur de Z 800 cette fois est expliqué plus loin. Puis c'est une étrave de déneigement (wagon soc) qui nous est présentée.


Bogie moteur d'une Z 800, 2 moteurs transversaux entièrement supportés par le châssis de bogie.

 

                   

L'étrave poussée par une automotrice effectue les "petits" déneigements ...

 

Nous visitons ensuite les voies en fosse et même le dessous de la Z 805/806 (rame 3) de la SNCF accidentée au Châtelard en août précédant lors d’un éboulement. Le passage sous cette rame a permet à beaucoup d’entre-nous de découvrir les organes habituellement invisibles tels les roues à crémaillère, les moteurs, les freins et autres équipements techniques cachés sous la caisse.

Les dessous cachés d'une Z 800 ... attention à la tête !

 

Nous poursuivons après dans l’explication du processus de reconditionnement des roues avec le démontage des bandages usés et le remontage des neufs suivant des procédés complexes et précis basés sur la dilatation du métal pour désassembler ou assembler les bandages sur les roues de manière à créer un ensemble totalement solidaire.

La remise aux norme des roues est un procéssus complexe mais aussi très précis dans les moindres opérations.

 

Nous découvrons ainsi des outillages parfois démesurés comme un tour à essieu ou un portique d'épreuve de résistance mécanique des bogies réalisé par un des apprentis de l'établissement.

Un essieu centenaire du "Train Jaune" sur un tour ... et là des outilages massifs et impressionnants.

 

La vaste salle d'atelier est envahie d'essieux d'origines diverses alignés sur deux voies ; plusieurs d’entre eux appartiennent au Train Jaune en Cerdagne. La SNCF a commandé une modification des portées de roulement d'une conception trop ancienne sur ce chemin de fer centenaire en 2001. Plus loin, des bogies, des engrenages ou des essieux moteurs divers prouvent de la diversité des opérations réalisées.

Un cahier de commande amplement remplis pour l'atelier TMR "roues" de Vernayaz ...

 

Puis c’est ensuite le vaste magasin de pièces détachées en tout genre, véritable caverne l'Ali-Baba où se mêlent pièces à réparer ou à modifiées et les éléments traités ou neufs. De quoi intervenir rapidement et efficacement pour limiter l'immobilisation des rames.

  

 Dans le stock ... dès pièces de rechange à perte de vue !

 

Le groupe sort du bâtiment pour traverser la cour du quai de transfère où transitent les essieux entre les transporteurs routiers (tout ne circule malheureusement pas par le rail) et l'atelier. Bernard Delasoie nous décrit les lieux avec entre-autres un petit pont roulant à deux voies réalisé (la partie structure métallique et mécanique) par un apprenti ayant fréquenté les ateliers.

Le pont roulant mad in TMR

 

Puis c’est l'entrée dans un hangar moderne datant de 2000 renfermant la « machine à laver » où se trouvent aussi deux voies en fosses destinées également au levage des rames d'un seul tenant. Sur une des voies, la Beh 4/8 872 toute neuve.Bernard Delasoie nous explique précisément les motivations de l'arrivée de ce nouveau matériel quasi idnetique aux engins SNCF déjà en service.

La Beh 4/8 72 dans le hangar moderne de reprofilage sur tour en fosse.

 

Un petit tour dans une pièce à l'arrière nous permet de découvrir un autre lieu de stockage. Y sont entreposés des "ponts moteurs" à voie métrique appartenant soit aux nouveaux autorail des CFC (Corse), soit aux autorails du Blanc Argent.

Des pont moteurs d'engins à voie métrique français.

 

Retour dans la grande hall mais direction la fosse sous la Beh 4/8. Sa présence à cet endroit de la moderne machine n'est pas anodine puisque cette voie est équipée d'un « tour en fosse ». La Beh 4/8 872 est là justement pour un ajustement de ses roues porteuses consécutivement aux premiers essais sur la crémaillère du Mont-Blanc Express.

Le tour en fosse avec l'une des deux CN d'usinage.            Des roues déjà passée sous la pastille carbure des outils du tour.

 

Ce coûteux équipement évite la fastidieuse opération de dépose des bogies et du démontage des essieux pour un simple reprofilage des roues. Un énorme gain de temps, l’opération passant pour un seul bogie de 400 heures à 3 h ! L'usinage se fait directement sur les roues du véhicule qui reste posé sur la voie pendant le traitement. Le diamètre de la table de roulement, sa géométrie et celle des boudins sont usinés au dixième de millimètre près par deux machines indépendantes à commande numérique, une par coté.

 

 

Une allure féroce pour un engin qui devra attendre décembre 2011 au plus tôt pour rouler avec des voyageurs.

 

La visite se termine autour d'un verre de l’amitié qui nous permet de remercier notre hôte de son accueil et de cette visite ou chacun aura pu découvrir et apprendre moult informations sur l'organisation de la maintenance ferroviaire et surtout de traitement des organes de roulement puisque c'est le fer de lance des ateliers TMR de Vernayaz, une compétence à présent largement reconnue par de grandes sociétés ferroviaires au-delà des frontières helvétiques.

Santé et prospérité aux TMR .. merci Bernard !!

 

Après cet appéro, l'équipe APTPT procède au protocolaire pique-nique entre deux wagons aux abords des ateliers et sous un soleil inespéré il y a quelques jours.

A taaaaaaable !!!!

 

Petit tour d'horizon du site industriel des TMR

Une plaque tournante évitant un virage trop serré/ Un vieux wagon bien utile/ Une remorque qui vit ses dernières heures.

 

Peu après 13 h, le groupe s'embarque dans un train pour rejoindre la gare de Martigny. C'est là que nous attend la vieille automotrice nonagénaire N°32 de l'ex MC.

La N° 32 nous attend ... en voiture !!

 

Un engin rudimentaire dont le charme provient justement de son aménagement en bois et de son allure rustique. Les postes de conduites prouvent à la fois d'une recherche de la simplicité alliée aux technologies de l'époque déjà très évoluées.

Ambiance de la vieille automotrice, un charme désuet qui change du luxe qui nous entour continuellement. François Jacquier, Pdt du TNT (avec la casquette photo du milieu).

 

Sans toutefois dépasser les 30 km/h, l'automotrice qui nous était entièrement réservée s'est élancée sous la conduite experte des bénévoles de l’association du Train Nostalgique du Trient.

Les bénévoles du TNT se coupent en quatre pour offrir plusieurs fois par an des sorties rétro aux passionnés de chemin de fer.

 

Arrivé à Vernayaz en attendant le retour vers Martigny, petite séance photo notamment avec l’équipe du TNT.

Séance photo avec un soleil idéal.                                                                                    Un frotteur 3ème rail de la N° 32.

 

 

On pose pour l'histoire et on discute le bout de gras avant de repartir.

 

Puis c’est le moment de repartir. La vieille machine s’ébranle à nouveau pour remonter la vallée du Rhône, accompagnée régulièrement de klaxons des voitures sur la route qui borde la voie. Martigny gare CFF ne sera pas le terminus réel du parcours. Après avoir fait dégager les quelques taxis garés devant la gare, l’équipe du TNT assure la sécurité du grand carrefour pour permettre à la N°32 de le traverser en toute sécurité et de se rendre dans la cour de débord CFF/TMR ou se trouve le dépôt-musée du TNT . Notre voyage s’arrête nez à nez avec un engin de 90 ans sa cadette : la nouvelle Beh 4/8 871 Stadler. Du teck à l’aluminium, du relais mécanique aux composants de siliciums, presque un siècle sépare les deux technologies.

La belle Beh 4/8 a reçu la veille sa décoration de caisse ... qui a vu l'erreur ?

 

Un intérieur légèrement différent des Z 850 françaises.                                   Eh Fabien, tu t'y voit déjà ??

 

Sur les voies du dépôt à l’extérieur, les TMR ont mis à disposition des visiteurs deux engins aujourd’hui cinquantenaire à savoir la BDeh 4/4 N° 8 et la Xemh 4/4 N° 6 hybride ex Bdeh 4/4 N° 6.

La BDeh 4/4 normale et derrière elle, une même machine transformée en Xemh 4/4 bi-mode.

 

 

Les Bemh sont des BDeh qui ont subit une modification profonde avec remplacement des salles voyageurs par des compartiments moteurs. Un moteur diesel assure le fonctionnement d’une génératrice électrique nécessaire au fonctionnement des auxiliaires. Un autre moteur bien plus gros joue le même rôle mais afin de fournir les 850 v continu utiles pour les moteurs de traction. L’engin conserve toutefois son pantographe et ses frotteurs pour pouvoir utiliser le courant de la caténaire et du 3ème rail. Avec 2 systèmes de captage du courant et deux modes de fonctionnement, ce type d’engin est unique si l’on y rajoute son écartement métrique et son système à crémaillère. Notre ami Laurent se plait à s’imaginer déjà aux commandes de cet engins qui roulera bientôt sur la partie française entre St Gervais et Vallorcine pour le compte de l’Etablissement Mont-Blanc.

 

Un engin polyvalent qui peut évoluer en absence de tension électrique, bien pratique pour des travaux en toute sécurité. Laurent est impatient d'un conduire une.

 

La journée se poursuit donc logiquement par une visite des ateliers du TNT. On y découvre l’automotrice N° 15 juchée sur des chevalets qui subit cette année une grande révision et une réfection complète de ses bogies moteurs. A coté d’elle, la remorque N° 75 et la remorque à rideaux qui assurent régulièrement des trains spéciaux.

Malgré son âge, ce vieux matériel semble ... comme neuf. L'opiniatreté des bénévoles du TNT n'y est pas pour rien !

 

Plus loin, les TNT ont ouvert leur petit musée de la ligne Martigny-Châtelard où se mêlent biographie en texte et images d’époques traversées, maquettes, objets divers et un grand nombre d’autres informations pour connaître par cœur en sortant toute l’histoire de la ligne sur le bout des doigts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit musée à visiter absolument. On souhaitant que la même chose existe un jour coté français.

 

Pour le reste de la journée, certains ont opté pour une visite du Musée Gianada, d’autre on flâné dans les rues de la ville et autour de la gare. L’occasion de faire quelques prises de vues des trains CFF ou encore de l’automotrice N° 32 lors de ses autres allers-retours.

 

 

La N° 32 a réalisé plusieurs traversées du carrefour routier devant la gare CFF pendant le week-end ... un spectacle toujours intrigant pour les badaus.

 

C’est à 17 h 22 que l’excursion prend le chemin du retour à bord d’une Z 800, direction Châtelard frontière. A partir de Vernayaz, l’attaque de la forte rampe de 22% à crémaillère reste un point d’intrigue et d’émerveillement. Quand à la fin du parcours, comme à l’aller, du train nous passons à deux autocars avant de retrouver le train jusqu’au Fayet, épuisés d’une si bonne journée bien orchestrée par notre président Hervé Diot.

Remerciements également aux bénévoles du TNT avec son président François Jacquier qui nous a personnellement accueilli à bord de la N° 32 et bien sûr n’oublions pas Bernard Delasoie, directeur adjoint des TMR qui nous a assuré une excellente première partie de programme. Merci également à Annette et Hervé pour leur collaboration photographique à cet article mais aussi à ceux qui ont contribué également photographiquement à remplir le dossier souvenir pour les archives de l’amicale qui reste à disposition.



28/09/2011
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